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Changer l’identité du bétail ? modifier ou enrichir les pâturages ? le nouveau dilemme des éleveurs mbororos, Cameroun, RCA et Tchad (2009)
Christian Seignobos
Cet article a été écrit par Christian Seignobos en 2009.
L’identification des communautés mbororo à leur bétail n’est plus à démontrer : bœufs rouges des Wodaa’be et des Jaafun, bœufs blancs des Aku, bœufs blancs brahmanes des Bokolo, sans compter les produits de croisement de certaines sous fractions mbororo. Toutefois les mutations sont courantes et les bœufs d’héritage (asliiji ou horeeji) ne représentent parfois qu’un élément mineur des troupeaux. Tous ces zébus sont crédités, chacun, de comportements particuliers quant à leur déambulation et leur façon de pâturer. La recomposition des cheptels accompagne des choix de stratégies, pour de grandes transhumances longitudinales ou, au contraire, des replis sur des parcours plus modestes, ou encore pour servir d’amorce de sédentarisation auprès de « territoire d’attache ». Ces recompositions passent par des croisements avec des éléments clefs, comme le zébu de l’Adamaoua, le gudaali, pour servir un besoin de sédentarisation, et le zébu bo’deeji pour relancer la transhumance. Les changements d’identité de ces élevages peuvent être, et c’est souvent le cas, très rapides. Si les Mbororo ont accepté très tôt la couverture sanitaire proposée par les vétérinaires pour assurer leurs descentes sur les pâturages guinéens touchés par les glossines et qu’ils se procurent maintenant des médicaments sur les marchés et vaccinent même leurs animaux, ils ont toujours refusé les plantes fourragères et les pâturages améliorés proposés par les agrostologues. Toutefois, avec la dérégulation des transhumances sur fond de crise socioculturelle de leur société, et dans un cadre toujours plus instable, les Mbororo semblent aujourd’hui condamnés à d’autres formes d’élevages qui prendraient en compte prioritairement la nature des pâturages et moins celle des animaux.
La double crise que connaît le nord du Cameroun, celles du coton et de l’élevage, pourrait constituer une chance pour envisager qu’éleveurs et cultivateurs partagent la même ressource. La mise en place d’une vulgarisation de masse des SCV (Système sur couverture végétale permanente) par la Sodécoton, et qui s’accompagne de culture de plantes de couverture, de production de graines et de savoir-faire pour y parvenir, inciterait des éleveurs de plus en plus privés de pâturages et de résidus de récoltes à produire leur propre biomasse.
Disponible sur : http://hal.cirad.fr/cirad-00472094/document
Christian Seignobos. Changer l’identité du bétail ? modifier ou enrichir les pâturages ? le nouveau
dilemme des éleveurs mbororo, Cameroun, RCA et Tchad. Savanes africaines en développement :
innover pour durer, Apr 2009, Garoua, Cameroun. 11 p. ffcirad-00472094